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Entre liberté et respect : l’art du bivouac responsable

Vous le savez, j’aime à dire que l’aventure et le voyage sont un état d’esprit, et qu’il n’est pas nécessaire de partir très loin pour vibrer. Alors quand je vois que la « micro-aventure » a le vent en poupe (comprendre : partir pas loin, limiter son impact écologique MAIS sortir quand même de sa zone de confort et découvrir l’inconnu au bout du chemin), je dis oui.


Je suis moi-même grande adepte de ces petites explorations du quotidien, qu’elles soient en solo ou partagés avec des amis. Les sorties en pleine nature avec bivouac en font partie, évidemment ! Stages de survie, randonnées avec nuit en forêt ou en montagne, animation de formations, je ne rate pas une occasion de dormir dehors. Mais voilà, je me questionne quand même un peu. L’essor du bivouac et de l’aventure à portée de pieds, ça veut dire quoi pour la forêt d’à côté ?


Je vous propose donc un article en plusieurs parties, à lire d’un coup (pendant la pause-déj’) ou en plusieurs fois (au moment du café !).


Temps total de lecture, 17 minutes annoncées! GO!


Partie 1 : Nouvel engouement pour le bivouac et la micro-aventure: pour ou contre ? Partie 2 : Bivouaquer ça veut dire quoi ?

Partie 3 : Bivouac et législation

Partie 4 : Bivouac et sécurité

Partie 5 : Bivouac et environnement

Partie 6 : En conclusion, quelques ressources


Photo par Dominique Granger

 

Nouvel engouement pour le bivouac et la micro-aventure: pour ou contre ?


Et oui. Parce que c’est bien beau de s’interroger sur l’impact d’un voyage en voiture ou en avion, de favoriser les modes de déplacement doux, pour accéder à des zones peu fréquentées, voire isolées.


On en revient à cette notion de ralentissement du temps, à cette recherche d’exclusivité, de déconnexion, qu’on abordait déjà il y a quelques temps dans cet article sur l’Amazonie.


Mais du coup, cet engouement, et la « massification » (toute relative, je vous l’accorde… mais quand même réelle) de ce nouveau tourisme d’aventure « local » ne peut-il pas avoir un impact un peu négatif sur la nature proche de chez nous ? Alors évidemment, il ne faut pas voir le mal partout, et OUI, j’incite toujours et encore les gens à mettre le nez dehors, mais cela n’empêche pas de le faire en suivant quelques petits principes de base, toujours dans cette idée de respect des lieux dans lesquels on évolue. J’entends certains crier dans le fond, là-bas… « Et la liberté dans tout ça ?! ». Je suis un peu frileuse à me lancer dans le débat « liberté vs règles à respecter », vous m’excuserez. Je passe mon tour et préfère me concentrer sur le fond de la question.


Je pense qu’emmener les gens dans la nature, c’est leur permettre de réaliser pas mal de choses, de sensibiliser, aussi. Qui a envie de se poser sa tente au milieu d’une décharge, n’est-ce pas ? Qui a envie de voir flotter sur ce joli cours d’eau tout un tas de bouteilles plastiques ? Qui a envie de ramasser un mégot alors qu’il cherchait un trèfle à 4 feuilles, à quatre pattes dans un champ ? Personne. A ce titre, j’inviterai toujours les gens à passer du temps dehors.


Se reconnecter à la nature, c’est prendre conscience qu’elle ne va pas très bien, mais aussi et surtout, prendre conscience de ce qu’il y a à préserver. C’est recevoir, comme ça, simplement, des petits cadeaux sans les avoir demandés. Un chevreuil qui s’enfuit, un lever de soleil magique, ou encore des mirabelles sauvages pour un goûter improvisé.


Ma réponse est donc OUI, je suis pour le bivouac et pour le fait de passer du temps en pleine nature. Mais pas n’importe comment, évidemment !


Bivouaquons responsable, et sur des espaces « durables ».


 

Bivouaquer ça veut dire quoi ?


Tout d’abord, et sans partir dans des débats terminologiques, je voudrais juste revenir sur la définition du bivouac, qui porte en elle-même quelques notions intéressantes pour qui veut bien en faire la traduction.


Le bivouac est une pratique utilisée, à la base, par les marcheurs, les alpinistes, les VTTistes. Donc, les personnes en mouvement. Ces personnes, que l’activité conduit à s’éloigner des infrastructures existantes, ont besoin de dormir dans des lieux reculés. Le bivouac se pratique en général avec du matériel léger, en lien avec cette notion d’itinérance (une simple tente et un duvet, voire seulement un sac de couchage. Voire moins.). Evidemment, l’évolution des technologies a permis le développement de bivouacs plus élaborés, mais on reste sur cette idée de légèreté. Le bivouac est donc un campement peu aménagé, et surtout temporaire. Un bivouac, c’est une seule nuit sur le même lieu, entre le coucher du soleil, et son lever.


Le camping sauvage est une pratique un peu différente, souvent un peu plus proche de la civilisation, dans des zones parfois même habitées et bétonnées. On y met les camping-cars (ou les vans aménagés, même combat) qui stationnent sur des parkings. Les tentes posées dans un champ pour faire la fête, c’est aussi du camping sauvage, puisqu’on est venu là avec du matériel dédié pour passer la nuit (et la glacière bien remplie…).

Personnellement, la terminologie m’importe peu, mais là où je la trouve intéressante, c’est par la philosophie qu’elle reflète. Le « bivouaqueur », par définition, se fait tout petit et le plus discret possible dans l’environnement qu’il habite pour la nuit !


Ceci étant dit, je vous propose de nous pencher sur 3 points particuliers qui feront de vous un bon castor junior du bivouac. En premier, nous aborderons la question de la législation et de la sécurité. Pas très glamour, mais il faut en passer par là. Et vous verrez, finalement, ce n’est pas pour vous embêter. Pour terminer, il sera question de bivouac et environnement. Mon sujet de cœur, je dirais !


 

Bivouac et législation


Tout d’abord, il faut savoir qu’en France, la législation ne dit pas grand-chose sur le bivouac en tant que tel, si ce n’est qu’elle nous donne des précisions sur les heures considérées comme "coucher" et "lever" de soleil : votre campement doit être posé à partir de 19h, et démonté avant 9h. Ça laisse quand même une sacrée marge pour les plus dormeurs d’entre vous.


Ensuite, vous avez le droit de bivouaquer partout… où ce n’est pas interdit. Mais c’est là que ça se corse. Il faut donc se renseigner en amont pour savoir où on se trouve lorsque l’heure du dodo arrive, et savoir si le bivouac y est prohibé.


En gros, voici les zones qui tombent sous le coup d’interdiction, ou de restrictions :


Interdictions :

  • Les terrains privés (les bois le sont souvent, en France, même s’ils sont libres d’accès pour les promeneurs)

  • Les routes et les chemins

  • Les forêts et bois classés

  • Les bords de mer (oui oui, la plage, on oublie)

  • Abords d’une source de captage d’eau potable (200m)

  • Abords de monuments historiques

Restrictions :


Dans les parcs nationaux ou naturels régionaux, des restrictions sont mises en place dans un souci de préserver l’environnement et les espèces qui y évoluent. Il faut donc se renseigner, pour chaque parc en particulier, sur les zones de bivouac autorisées. Et si vous lisez la partie Bivouac et environnement, vous comprendrez bien vite pourquoi il faut les respecter !


Voici un lien qui vous permettra d’accéder à la liste des parcs et à leurs réglementations propres.


Qu’est-ce que je risque si je pose mon campement à la dernière minute et que je ne sais pas si c’est autorisé ?


Bon, pour plusieurs raisons, il est vivement recommandé de ne pas poser son campement à la dernière minute, déjà. Mais admettons que vous n’ayez pas le choix et que vous n’ayez pas pu repérer comme il faut la zone dans laquelle vous êtes.


Si vous êtes sur une zone privée ou publique réglementée, vous vous exposez à une amende. Car la jouissance du sol est belle et bien réservée au propriétaire de celui-ci (que ce soit un particulier ou les pouvoirs publics).


Dans la majeure partie des cas, on viendra « seulement » vous déloger et vous demander de partir. Pas très agréable, mais dans les faits, rares sont les situations où un propriétaire énervé (ou un garde forestier) en sont venus aux sanctions mentionnées plus haut. Ce qu’il faut prendre en compte, en revanche, c’est la notion de répétition. Peut-être que vous ne passerez, vous, qu’une nuit ici, mais imaginez si des vadrouilleurs se disent ça tous les jours. Il est possible que la « tolérance » des locaux soit légèrement écornée en fin de saison !


Enfin, je tiens à souligner que faire un feu est interdit toute l’année, dans les forêts françaises et les zones dont vous n'êtes pas propriétaires, et sans l'accord, à minima, de ce dernier. Là, vous risquez quand même une amende de 135€, qui sera aggravée si vous avez causé des dégâts. Toutes les informations ici.


Et pour conclure, il faut noter que ces réglementations ont bien souvent un fondement des plus entendable, à savoir sont basées sur des notions de sécurité et de protection de l’environnement. D’un coup, on se dit que ce n’est pas seulement pour nous embêter. Et ça va déjà mieux, vous voyez ?


 

Bivouac et sécurité


Lorsque l'on dort en pleine nature et qu’on choisit son lieu de bivouac se pose évidemment la question du confort.


Choisir son emplacement comme il faut, c’est assurer un peu de repos, souvent bien mérité. Pour autant, il faut faire avec les contraintes qui nous entourent, et prendre en considération quelques risques. Les principaux risques qu’on rencontre en bivouac sont de nature environnementale. J’entends par là : le terrain, la météo, les animaux.




Pas tellement les humains, en fait. Mais j’y reviens brièvement plus bas. D’où l’importance de choisir (ou repérer, à défaut d’installer) son lieu de bivouac de jour, pour prendre connaissance de ce qui nous entoure. Pas la peine de se presser, prenez quelques minutes pour vous poser les bonnes questions.

On s’interroge sur l’emplacement de sa tente par rapport :

  • au vent (pour limiter ou favoriser la prise à l’air, en fonction de la température attendue et souhaitée dans la tente)

  • aux arbres et à la végétation (pour se protéger de la lumière du matin, ou non, et surtout pour éviter toute potentielle chute d’arbres ou de branches affaiblis pendant la nuit, en cas de grand vent ou d’orage)

  • aux cours d’eau les plus proches (la montée des eaux est parfois violente, et une rivière change d’aspect en quelques minutes seulement. Un lac aussi s’il est en amont d’un barrage. Et ce même si l’orage ou la pluie ne tombent pas juste au-dessus de vous. Il peut faire très mauvais un peu plus loin, et cela viendra grossir les cours d’eau. Pour les points d’eau plus stagnants, c’est le risque moustiques qu’il faudra considérer)

  • au passage d’animaux sauvages ou de troupeaux (si la plupart du temps les animaux sont plus peureux que nous et ont une bonne vision pour éviter votre tente de nuit, on n’est pas à l’abri d’une vache un peu trop curieuse ou d’un troupeau de sangliers mené par un chef bigleux)

  • à la pente et aux risques de glissement de terrain en cas d’orage et de pluie (on évite donc de se mettre dans une cuvette, en aval d’une pente rocheuse ou dans la trace d’une précédente coulée de boue)


Chaque milieu (forêt, montagne en été ou montagne en hiver, etc.) a ses spécificités, et pour débuter, je vous conseille de ne pas vous lancer seul dans quelque chose de très spécifique. Choisissez la campagne environnante, c’est déjà parfait !


Je vous glisse ici le lien d’un article qui liste brièvement les caractéristiques de chaque zone, mais si cela vous intéresse, je vous recommande un stage Get ready, où nous abordons ce sujet.

Je vois passer pas mal de questions sur les risques liés aux interactions humaines, et notamment de la part des filles qui bivouaquent en solo. Alors oui, on n’est jamais à l’abri d’une personne qui débarque en pleine nuit (que ce soit de base mal intentionné, ou pas…) mais les cas sont quand même très rares. J’ai noté plein de petits stratagèmes mis en place par les bivouaqueuses, pour dissuader de potentiels intrus, et je serai ravie de revenir là-dessus en compilant ces bonnes idées dans un article dédié, si cela vous intéresse.


 

Bivouac et environnement


C’est bien sur la notion de bivouac et environnement que je voudrais m’attarder un peu plus. En fait, je veux revenir sur quelques éléments clés, qui vous guideront aussi dans le choix de votre emplacement de bivouac et qui selon moi ont plutôt à trait au comportement d’un bon bivouaqueur.


En gros, gardons en tête que nous ne sommes que des invités de passage dans ce décor, et appliquons le principe du LEAVE NO TRACE, tout simplement (LAISSE PAS DE TRACE en français, en gros). Et cela s’applique à plusieurs niveaux.


J’articulerai mes propos autour de 4 éléments : L’eau, les animaux, les plantes, le feu. Auxquels s’ajoutera un point sur « le moment du départ ».


1. L’eau


Un point d’eau est une chose non négligeable lorsque l'on bivouaque, car il permet souvent de faire le plein des gourdes, de réhydrater sa nourriture (ou de faire un thé, plus simplement). Mais, les points d’eau sont des lieux stratégiques dans la nature.


Pour des raisons de sécurité et de confort, il ne faut pas bivouaquer trop près d’une rivière ou d’un lac (montée des eaux, moustiques, etc.), mais pensez aussi, et surtout à ce que votre présence va générer proche de ce cours d’eau.


En théorie, on ne devrait vraiment éviter de faire ses besoins dans la nature. Mais sans tomber dans l’extrême (à savoir le faire dans un sac qu’on emporte avec soi, comme tout autre déchet) il y a quelques principes à respecter. En effet, nos urines et nos selles, bien que « biodégradables » contiennent des toxines qui n’ont pas grand-chose de naturel. Celles-ci polluent l’eau, notamment par l’infiltration dans les sols et la contamination des sources, cachées très loin sous terre. Peut-être avez-vous entendu parler de cette étude sur certains poissons, dont le développement serait perturbé par les hormones trouvées dans les urines féminines, hormones de synthèse liées à certains modes de contraception ? Idem pour les antibiotiques qui restent longtemps dans nos organismes.



Essayez donc, autant que faire se peut, de localiser vos « toilettes » le plus loin possible (et en aval) d’un point d’eau, si possible dans un terrain herbeux et dense, qui filtrera un petit peu tout ça avant l’entrée en contact avec l’eau souterraine ou de surface, un peu plus loin.





Le Leave no trace Center recommande de se placer à au moins 100 pas, mais cette distance dépend de tellement de paramètres variés qu’il est difficile de donner une valeur précise ! Mais le plus loin, le mieux ! Si ce sujet vous intéresse, je vous recommande cet ouvrage, très instructif malgré un titre un peu racoleur. En effet, on y apprend notamment qu’aux USA, la contamination des rivières par des éléments bactériologiques de source humaine a grimpé avec le développement du tourisme « nature ».


Aussi, nous voyons de plus en plus de produits nettoyants (que ce soit pour sa propre toilette ou pour laver son linge) soit disant biodégradables et respectueux de l’environnement. Sachez que malgré tous les efforts de ces marques et le choix de produits « les plus neutres possibles », il y aura TOUJOURS un impact pour le milieu, que ce soit pour l’eau en elle-même ou pour les organismes qui y vivent.


Donc on oublie la pub Tahiti douche, on ne rince rien dans les cours d’eau, et on ne crache pas non plus son dentifrice dans la nature. Pour l’hygiène, un petit gant de toilette et de l’eau pure, ça suffit pour un bivouac (je le rappelle, temporaire ! pour l’itinérance sur plusieurs jours, c’est une autre histoire… qui relève d’une autre logistique).


2. Les animaux


Dernier point en lien avec l’eau, et les animaux, assurez-vous de ne prélever que le strict nécessaire et de ne pas tarir ce robinet sauvage qui sert aussi à d’autres habitants.


Aussi, si vous posez votre tente trop près d’un point d’eau, vous risquez d’en limiter l’accès pour ces animaux. Qui pour certains auront fait des kilomètres pour se ravitailler. Ce serait dommage pour ce petit hérisson assoiffé. Laissez-leur un peu de place et prenez du recul !


Avant de poser votre tente ou votre tarp, jetez un œil alentours et assurez-vous de ne pas vous placer sur le passage des animaux, qui s’agiteront la nuit. En général il est facile de distinguer les coulées (passages souvent visibles car les herbes sont couchées, ou les branches cassées) et de les éviter.


Ainsi, chevreuils et blaireaux n’auront pas à sortir de leur autoroute pour rejoindre leurs gardes manger. Et surtout, ne frôleront pas votre tente !


Si je reviens rapidement sur la question des besoins (promis après j’arrête), notez aussi qu’ils ont un impact sur les différentes espèces qui crapahutent autour de vous.



Les odeurs fortes auxquelles ils ne sont pas habitués peuvent perturber leurs habitudes en les détournant de leurs itinéraires habituels, ou au contraire les attirer. Essayez donc tant que possible de ne pas faire tout ça sur une coulée! Aussi, en cas de grosse envie, pensez à creuser un trou, à le remplir de terre, à tasser/piquer/mélanger avec l’humus, pour favoriser la dégradation, et à le recouvrir ensuite, pour limiter l’impact (visuel, mais pas que).


Tant que j’y suis, et pour conclure ce passage qui ressemble d’avantage à « comment faire pipi dans les bois » qu’à « bivouaquer responsable », je vous rappelle que du papier toilette ou un mouchoir, ce n’est PAS vraiment biodégradable. Evidemment, ça disparaîtra avec le temps, mais c’est rempli de substances chimiques et surtout, ça reste là, potentiellement pendant des mois en fonction de l’humidité ambiante. Les animaux sont perturbés par ces éléments qui n’ont rien à faire dans l’herbe et parfois, vont l’ingérer. Une feuille d’arbre bien large peut aussi l’affaire (on évite les orties et autres espèces urticantes, évidemment).


Des lingettes lavables existent aussi, et je suis actuellement en train de tester celle-ci! Si vous utilisez du papier… remportez-le dans un sac plastique !

3. Les plantes


En parlant de feuille, si on parlait de plantes un peu. La cuisine des bois est à la mode, et moi-même, j’adore glaner (récolter, mais en version sauvage).


Mais il y a quelques petites choses à avoir en tête pour limiter les dégâts. Bon d’abord, pour limiter les dégâts sur SOI, on ne ramasse que ce qu’on connait, et ce sur quoi on n’a pas le moindre doute ! Question de survie, pour le coup.


Ensuite, sur le plan environnemental, on ne prélève qu’en petite quantité et uniquement les espèces non protégées : d’abord pour ne pas mettre une espèce en danger (imaginez que vous préleviez la seule fleur fécondée du coin, et qu’aucun fruit ne puisse ensuite se développer, aucune graine se semer… bim, le cycle de la vie, tout ça, on oublie) ; mais aussi (et on en revient au paragraphe ci-dessus) pour en laisser aux animaux qui eux n’ont que ça comme source de nourriture. Sur le plan législatif, le glanage est autorisé, mais attention aux propriétés privées.


Petite chose toute bête, si vous en avez la possibilité, portez des chaussures légères pour la vie du camp, votre effet Gozilla en sera réduit d'autant.


Lorsque vous posez votre tente ou votre tarp (ça vaut donc pour les arbres aussi), vérifiez que vous n’allez pas endommager d’espèces particulières, ou abîmer branches et troncs en faisant vos nœuds. Si vous devez ramasser des feuilles pour vous faire un tapis, ou de la mousse (c’est plus confortable qu’un Bultex !), faites attention à ne pas déranger les bêbêtes qui y habitent (surtout en hiver et au début du printemps, car c’est leur seule source de protection).


En général, les terrains rocheux ou sablonneux sont plus « durables » et sont donc à favoriser face à des espaces herbeux, certes plus « confortables », mais moins résilients.


4. Le bois… et surtout le feu !


Pour continuer dans le végétal, je vous rappelle dans un premier temps que pour limiter votre impact, que ce soit pour aménager un abri ou pour faire du feu, on essaye au maximum de ne pas se servir du bois vert. Le bois vert, c’est le bois vivant, sur pied, et sain. Vous pouvez en revanche utiliser le bois mort, qu’il soit au sol (attention, il sera sans doute plus humide et moins efficace) ou mort sur pied (encore debout, mais plus pour longtemps).


Les principes ci-dessus s’appliquent : quantité limitée à la nécessité, et en vérifiant qu’on ne déloge pas les hérissons et les oiseaux qui pourraient y nicher.


Mais parlons plus précisément du feu. Oui, un joli feu de camp c’est canon, c’est super instagrammable (je plaide coupable) MAIS ce n’est pas indispensable.


En situation de survie pure, le feu est primordial, je vous l’accorde. Mais dans le contexte d’un bivouac loisirs, ne faites de feu que si vraiment vous en avez besoin. Evidemment, on pense aux risques incendies, mais au-delà de ça, un feu génère de la lumière, du bruit (oui, on reste plus longtemps debout) et se fait repérer de très loin. On en revient aux questions de discrétion.


Et je vous renvoie également à la partie législation un peu plus haut. Le feu est en effet interdit en France, de manière générale. 135€ d’amende pour une photo sur Insta, c’est cher payé !


Alors évidemment, le feu de camp fait quand même un peu partie du plaisir du bivouac. Personnellement, il me fascine et je suis toujours partante pour en lancer. Mais quand ce n’est pas indispensable, je me rabats sur le réchaud.


Et quand le feu est de la partie, je garde à l’esprit les points suivants :

  • essayer de faire le feu dans un foyer déjà existant

  • s’assurer de bien délimiter la zone (qu’on garde la plus petite possible) avec des pierres

  • ne brûler que le nécessaire et jusqu’au bout (pour n’avoir plus que des cendres, et plus de braises), et enfin,

  • s’assurer qu’il est bien éteint, qu’il ne reste plus rien de chaud ni d’incandescent. On peut mettre de la terre par-dessus pour finir de l’étouffer, mais attention, cela pourrait aussi avoir pour effet de conserver les braises. Qui se réactiveront peut-être lorsque plus personne ne sera dans les parages. Le mieux, c’est d’utiliser de l’eau (oh, really ?).


Evitez de faire votre feu le long d’une paroi rocheuse. Celle-ci serait noircie pour des années. Et le lendemain, n’oubliez pas de disperser le bois non utilisé, pfui, ni vu ni connu !

Bref, le feu, c’est fantastique, mais vraiment pas automatique.

5. Au petit matin…


Ah, nous voilà donc au petit matin. Vous avez passez une nuit un peu agitée (par les bruits des hôtes de ces bois que votre présence n’a donc pas dérangés, bravo!) ou vous avez dormi comme une souche ?


Quoi qu’il en soit, c’est l’heure de sortir de votre tente. Vous allez voir, à peine dehors, les yeux encore embrumés (photo contractuelle), vous allez très vite ressentir la magie des réveils en nature. Les premiers oiseaux qui gazouillent, la rosée qui vous trempe les doigts de pieds, tout ça.


Pause pipi ? Je vous renvoie un peu plus haut ! Café sur le feu ? Pareil !


Une fois que vous aurez replié vos affaires (eh oui, il est bientôt 9h, marmotte !) il est temps de regarder vos restes de campement avec un œil nouveau (si vos yeux sont ouverts, donc).




Posez-vous la question, qu’est-ce que votre présence a changé ? Avez-vous creusé des tranchées anti-pluie ? Comblez-les ! Arraché de la mousse ? Remettez-la en place ? Accumulé des morceaux de bois ? Dispersez-les ! Vous pouvez éventuellement laisser votre cercle de pierres. Si vous le pouvez, essayez de relever les herbes hautes que vous avez tassées, avec quelques branches. La technique du traqueur inversé en somme : effacer ses traces est franchement un moment sympa si on le prend comme tel !


Point important également, qui me semble évident mais ça va toujours mieux en le disant : ne laissez AUCUN déchet ! Même le trognon de pommes ou la peau de clémentine, le noyau de pêche ou d’abricot : ces derniers, bien que théoriquement biodégradables, n’ont rien à faire dans cet environnement !


Et dernier point, tout dernier c’est promis : n’emportez avec vous que vos souvenirs de ce bivouac. On est parfois tenté de ramener une pomme de pin ou une plume qu’on accroche au sac à dos. Si (et seulement si) vous en trouvez tout un tas, pourquoi pas. Mais sinon, laissez les là où elles sont, car elles auront ici une utilité certaine (beaucoup plus, en tout cas, que comme nid à poussière dans votre maison).


 

En conclusion


Déjà, si vous êtes arrivés jusque-là, bravo. Ensuite, j’aimerai vous rassurer : ces petits automatismes viennent vite, et à la longue, ils servent le sentiment de liberté, bien loin d’être vécus comme des contraintes.


La définition même du bivouac, donc, suppose un passage discret dans la nature. Mais face à la démocratisation de la pratique, il est encore plus important que jamais de passer les bons messages, pour qu’authenticité et isolement ne riment pas avec envahissement d’espaces sauvages déjà bien pressurisés par l’Homme !


Si vous êtes plutôt à l’aise en anglais, je vous recommande plus que chaudement le site internet suivant, qui est une véritable mine d’or : LEAVE NO TRACE.


Le « Leave no trace Center » est un organisme nord-américain qui propose un tas de chouettes initiatives, preuve que sur l’Outdoor, nos amis outre-Atlantique ont quand même, souvent, une longueur d’avance ! Je suis leur travail depuis quelques années maintenant, et je suis fan. Articles simples, contenus pédagogiques, activités de sensibilisation, bref, un condensé de qualité pour lier plaisirs de l’Outdoor et conscience éthique !


Et enfin, un petit compte Instagram qui me fait rire et qui souligne l’absurdité des diktats de l’isolement et du bivouac en pleine nature : YOU DIDN’T SLEEP THERE est une pépite !


 

J’espère que cet article vous aura intéressé, et si vous l’avez trouvé utile, n’hésitez pas à le partager !


Sur ce, je vous souhaite à tous et à toutes un bon bivouac !



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1 komentarz


laure.ouanhnon
02 sie 2019

Il est cool cet article! merci pour tous ces bons conseils! Un recap' ne fait jamais de mal! ;)

Polub

Ecobivouac - Le manuel pratique de l'outdoor éthique

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